Traduire Hitler, rencontre avec le traducteur Olivier Mannoni au CERCIL le 19 janvier 2023

[Billet rédigé par Amandine Pierru-Chantenay, traductrice et membre d’Aprotrad]

Olivier Mannoni, le 19 janvier 2023, au CERCIL Musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv

Le 19 janvier dernier, le CERCIL Musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv accueillait Olivier Mannoni. Organisée conjointement avec la librairie Les Temps Modernes, cette rencontre-débat avait pour objet la démarche de retraduction d’un ouvrage ô combien polémique : Mein Kampf.

Traducteur de l’allemand, spécialisé dans les textes sur le IIIe Reich, Olivier Mannoni a notamment fondé l’École de traduction littéraire. Les membres présents lors la journée « Passeur·ses de monde » organisée par Ciclic en partenariat avec Aprotrad le 14 octobre 2021 se souviennent sans doute l’avoir entendu à cette occasion.

Sur la table positionnée devant le libraire et le traducteur, Traduire Hitler, livre paru mi-octobre 2022 aux éditions Héloïse d’Ormesson. Un autre volume, bien plus conséquent physiquement, lui sert de présentoir : il s’agit d’Historiciser le mal, paru en mai 2021 aux éditions Fayard. Cet épais volume n’est pas une « simple retraduction » mais une édition critique et commentée, fruit d’une décennie de travail conjoint entre traducteur et historiens. Cette entreprise a naturellement soulevé bien des interrogations et contestations sur lesquelles Olivier Mannoni apporte des éclairages dans Traduire Hitler.

Ainsi, Olivier Mannoni explique que Mein Kampf n’est autre qu’une « tentative de mise en scène wagnérienne d’un clochard qui magnifie tout ce qu’il a fait et tente de se poser en nouveau grand penseur, en intellectuel et homme du peuple providentiel ». Le texte, rédigé dans une « langue délirante, décrit une réalité fictive » à grand renfort de syllogismes et autres raccourcis nourrissant une folie collective.

Se pose alors la question de l’accessibilité : comment traduire dans une langue intelligible sans trahir le texte ?

Dix ans de travail témoignent du caractère épineux de cette entreprise au cours de laquelle Olivier Mannoni n’a jamais cité aucun extrait de la traduction existante. Pendant quatre ans, il se livre à un corps à corps avec ce texte illisible (parfois jusqu’à six adverbes par phrase) mais auquel il est impossible d’apporter la moindre amélioration grammaticale ou formelle sans risquer de le manipuler. Puis, en raison d’un changement de direction éditoriale, on lui commande une nouvelle traduction, au plus près du texte malgré les défauts qu’il comporte.

Bien sûr, la question posée par une jeune femme de l’assistance est sur nombre de lèvres : « Il est fréquent qu’un lien s’établisse entre le traducteur et l’auteur qu’il traduit : quelle est ici la nature de ce lien ? Du dégoût ? De la haine ? » Olivier Mannoni explique qu’ « un acte d’adhésion ou de neutralité à visée de transmission » est coutumier chez les traducteurs. Néanmoins, « lorsqu’il s’agit d’un écrit historique, le traducteur se doit de viser une traduction critique ». Qui plus est, compte tenu de l’étroitesse du propos d’Hitler (par ailleurs très critiqué par nombre de philosophes parmi ses contemporains), il ne le conçoit pas comme un auteur. Mais il explique aussi que la haine n’avait pas sa place car elle aurait nui à la viabilité du projet. Olivier Mannoni compare donc sa démarche à celle d’un mécanicien des mots, démontant les phrases pour en comprendre le sens, ne montrant aucun intérêt pour les idées et se cantonnant à la façon dont elles sont exprimées. Exercice d’autant plus pertinent qu’il permet de déceler le caractère hypnotique de cette langue qui anéantit la pensée et que l’on retrouve chez certains de nos hommes politiques contemporains.

Traduire des mensonges n’a rien d’anodin, mais le faire en s’appuyant sur un savoir tangible et factuel pour que cesse l’aveuglement, tel est le véritable objectif de cette édition critique.

Au-delà de son contenu, Historiciser le mal est également une parution sans précédent pour la chaîne du livre. En effet, il est rare qu’un éditeur publie un ouvrage dans l’objectif d’en vendre le moins d’exemplaires possible. C’est ici le cas et plusieurs mesures « dissuasives » (comme son prix ou l’interdiction aux libraires d’en disposer dans leur fond) ont été mises en place, tentant ainsi de limiter sa consultation aux experts et aficionados de cette période historique.

Un autre membre de l’auditoire s’interroge sur les traductions existantes, dans différentes langues, et sur le fait qu’elles aient ou non été le fruit de commandes. Des explications captivantes d’Olivier Mannoni (que je n’ai malheureusement pas la place de toutes retranscrire ici), on retiendra notamment que cet ouvrage « offert » (vente forcée déguisée) aux jeunes mariés allemands a fait l’objet d’un procès d’Hitler à l’extrême droite française. En effet, cette dernière l’avait fait traduire sans en acquérir les droits. Cette édition fut donc interdite et nombre de copies mises au pilon.

À l’issue de ces deux heures d’échanges passionnants, je suis repartie avec des clés de compréhension mais aussi chargée de questions. La conclusion de cette rencontre fut donc à l’image du projet éditorial dont elle faisait l’objet : inviter chacun à penser et à analyser pour que se poursuive la lutte contre l’obscurantisme.

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Aprotrad au Forum de l’orientation à Fleury-les-Aubrais

[Billet rédigé par Hyacinthe Kemp, traductrice et membre d’Aprotrad]

Stand d’Aprotrad au Forum de l’orientation 2022 d’Orléans
© Amandine Pierru-Chantenay

Après une pause forcée de deux ans, Aprotrad a pu enfin reprendre sa mission d’information auprès des jeunes et du grand public. Du 3 au 5 mars 2022, notre association a participé au Forum de l’orientation et des métiers, au Chapit’O, à Fleury-les-Aubrais. Pour l’événement, nous avions entièrement créé une brochure destinée aux adolescents. Dans un langage simple, débarrassé de tout jargon, elle présente notre profession et lutte contre les idées fausses. Par exemple, l’une des premières informations qui surprend souvent nos jeunes interlocuteurs est que nous traduisons vers notre langue maternelle, et que dans leur cas, il faut être doué en français. Ça ne réjouit pas toujours tout le monde… En plus de leur passion pour les langues étrangères, les étudiants doivent avoir de bonnes bases de français et les renforcer.

Cette année, les deux premières journées, généralement réservées aux établissements scolaires, ne concernaient que les collèges pour diminuer la fréquentation en raison de la pandémie. Les lycéens et lycéennes pouvaient s’y rendre uniquement le samedi, accompagnés, pour la plupart, de leurs parents. Certains adultes m’ont fait remarquer combien il était plaisant de pouvoir discuter de vive voix avec de véritables professionnels. Les adolescents aussi ont apprécié ce contact direct et notre parole authentique. En effet, bien que très vaste (l’équivalent d’un hypermarché), le salon ne comptait quasiment que des écoles supérieures, universités ou organismes publics comme l’armée. Les personnes ne venaient pas seulement pour poser une question, mais elles s’asseyaient et entamaient une vraie conversation : l’échange importait beaucoup. À certains moments, d’autres attendaient patiemment leur tour. Nous n’étions pas trop de deux sur le stand pour répondre aux demandes de renseignement ! Pour illustrer des tâches professionnelles, je nous comparais aux artisans pour expliquer l’enchaînement devis, prestation, facturation.

Denis Savattier en pleine conversation avec des visiteuses
© Amandine Pierru-Chantenay

Comme les fois précédentes, je suis repartie très satisfaite d’avoir pu informer les jeunes : l’occasion de parler de la traduction au grand public est si rare et si enrichissante. Ce partage peut renforcer notre confiance en nous. Il est bénéfique de présenter ce que nous faisons dans notre travail à des personnes qui ne connaissent pas le métier de traducteur, traductrice. Cela nous force à choisir des mots simples et à réfléchir à notre activité sous un autre angle. On peut d’ailleurs voir dans cet exercice des similitudes avec les relations que nous entretenons avec notre clientèle directe qui, souvent, ignore aussi tout de notre métier. L’association britannique ITI accorde autant d’importance à un investissement dans la profession (contribution aux associations, présentation dans les écoles) qu’à la formation. J’ai l’impression que si plus de collègues prenaient conscience de cette valeur, notre visibilité serait renforcée et cela profiterait à l’ensemble de notre secteur. 

Enfin, je remercie Amandine, Denis, Eleanor, Éva et Myriem qui ont généreusement accepté de tenir le stand Aprotrad lors des trois journées de forum. J’appelle les membres tourangelles et tourangeaux à se mobiliser l’an prochain, car l’événement aura lieu à Tours. Chaque année, Aprotrad alterne sa participation au forum des métiers entre Orléans et Tours.

Éva Delacoute au Forum d’orientation 2022 d’Orléans
© Eleanor Madelaine
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Compte rendu de la Journée « Passeur·ses de monde » – Rencontres autour de la traduction

[Billet rédigé par Audrey Prost, traductrice et secrétaire d’Aprotrad]

Affiche Ciclic

Décembre 2019 à Tours : Ciclic (l’agence régionale pour le livre, l’image et la culture numérique en Centre-Val de Loire), les éditions La Contre Allée et Aprotrad se retrouvent pour discuter de la résidence de l’éditeur Benoit Verhille dans la région. C’est alors que surgit l’idée d’une journée autour de la traduction sous toutes ses formes, dont la tenue sera néanmoins repoussée à deux reprises en raison de la crise sanitaire.

Après deux ans d’attente et de préparation, la journée professionnelle Passeur·ses de monde : Les métiers de la traduction s’est enfin déroulée le jeudi 14 octobre dernier à la médiathèque d’Orléans (45), dans le cadre du festival D’un Pays l’Autre 2021.

Retour sur une journée de découvertes et d’échanges.

En ce jeudi d’automne, l’impatience se mêle à la fébrilité autour du café-croissant matinal. Outre la longue attente qui a précédé la tenue de cette journée, c’est la première fois que les membres d’Aprotrad peuvent se retrouver en personne depuis près de deux ans, et faire la connaissance d’autres acteurs du livre et de la traduction en Centre-Val de Loire et au-delà.

Après quelques mots d’introduction par Philippe Germain, directeur général de Ciclic, et Anna Rizzello, représentante de La Contre Allée, les festivités sont lancées. Le programme du matin est résolument tourné vers un public professionnel, avec une première intervention particulièrement appréciée de Jonathan Seror, juriste de l’Association des traducteurs littéraires de France (ATLF), sur les enjeux des contrats de traduction avec les maisons d’édition.

À la fois clair et précis, cet exposé fait office de discours de motivation pour les traductrices et traducteurs présents dans la salle, mais aussi en ligne grâce à notre live tweet : toute personne qui traduit une œuvre première est créatrice d’une œuvre dérivée et acquiert par là le statut d’auteur. Le contrat d’édition est un contrat de cession de droits, et les droits proportionnels en particulier sont le reflet d’une qualité d’écriture. Jonathan Seror invite donc les traducteurs et traductrices littéraires à négocier autant que faire se peut les clauses de leur contrat et à revendiquer leur qualité d’auteur.

Viennent ensuite deux tables rondes, l’une sur la défense du statut de traducteur et l’autre sur les spécificités et évolutions des différentes formes d’exercice de la traduction. L’école de traduction littéraire (ETL) et les différentes associations professionnelles, ATLF, ATAA, ATESS et bien sûr Aprotrad, représentée en première instance par sa présidente Charlotte Matoussowsky et par votre bien dévouée en second lieu, y expliquent les différences entre les différents contextes d’activité (traduction littéraire, audiovisuelle, pragmatique…), les croisements et les écarts entre ces pratiques, et les enjeux qui en découlent en matière de statut, de reconnaissance et de rémunération. Tout le monde insiste sur le rôle primordial de la formation et de la sensibilisation aux aspects statutaires du métier, que l’on exerce comme artiste-auteur ou professionnel libéral.

Après un déjeuner de retrouvailles rapide aussi bien côté public que côté organisation, l’après-midi se veut une passerelle entre la traduction et la lecture : 5 traducteurs et traductrices littéraires de Centre-Val de Loire présentent à tour de rôle une de leurs œuvres récentes. Retrouvez toute la saveur de ce voyage dans le temps et dans l’espace, de la Chine à l’Angola, en passant par la Roumanie, l’Autriche et la Suède, grâce à la captation vidéo des différentes interventions.

Enfin, la dernière table ronde de la journée met en lumière plusieurs dispositifs de promotion de la traduction auprès du lectorat, tous âges confondus : éditions La Contre Allée, festival D’Un Pays L’Autre, festival VO-VF, programme « Lycéens, apprentis, livres et auteurs d’aujourd’hui » (Lalaa). Libraires, traductrices et enseignants passionnés y racontent à quel point la traduction est source de partage, d’ouverture et de découverte.

Après une journée si dense, on se retrouve à l’entrée de l’auditorium pour prolonger la discussion, mais aussi pour finir de dévaliser le stand de la Librairie des Temps modernes, présente toute la journée pour l’occasion avec une sélection d’œuvres traduites par les divers intervenants ou d’ouvrages traitant de traduction.

Et comme si cette riche programmation n’avait pas suffi, l’organisation nous réserve une dernière friandise (à voir en noir et blanc, et non en sépia, s’il vous plaît !) : la projection du documentaire d’Henry Colomer « Des voix dans le chœur. Éloge des traducteurs ». Une heure de plongée dans la traduction du geste poétique ou littéraire, une heure de douceur et d’amour des mots, une heure de musique et de sonorités. Bref, que du beau, que du bonheur !

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Retour sur la formation « La révision de textes en français »

Plusieurs fois par an, Aprotrad organise des formations destinées aux professionnels des métiers de la traduction, conçues sur mesure pour les besoins de ses membres. Dernier atelier en date : « La révision de textes en français », dispensée par Caroline Tremblay en partenariat avec Magistrad en mai et juin 2021.

Texte portant des marques de révision.
Photo de Nicolas Bouliane, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons

En 2021, Aprotrad poursuit sur la voie de la formation en ligne, ouverte en 2020 avec Corinne McKay Et tant qu’à pouvoir travailler avec des formateurs et formatrices du monde entier, nous nous sommes tournés vers l’organisme québécois Magistrad, bien connu dans le milieu de la traduction.

Caroline Tremblay, traductrice-réviseure à l’Université d’Ottawa, a ainsi pu nous faire bénéficier d’une formation très pointue sur la révision de textes, une compétence essentielle dans notre secteur, mais pour laquelle les ressources sont étrangement rares. La formation s’est tenue sur quatre semaines pour un total de sept heures, plus l’incontournable travail à la maison.

Qu’ont pensé les stagiaires de ce nouveau format et de ce thème inédit en France ?

« Une formation très complète et enrichissante, surtout grâce aux divers exercices corrigés à chaque séance. Caroline Tremblay décortique tous les aspects de la révision, et nous donne toutes les cartes en main pour réviser des textes français sur la forme comme sur le fond ! » Eva Delacoute

« Le stage sur la révision de textes en français s’est avéré aussi efficace qu’agréable. Je me pose de nouveau les questions que j’avais mises de côté au fil des années de pratique, et prends le temps de débattre (avec moi-même, mes pairs ou mes clients) lorsqu’il le faut ! En quelques heures seulement, Caroline nous a plongées dans l’univers de la révision professionnelle grâce à des exercices pratiques et une organisation précise et cadencée. Malgré la quantité d’informations et de ressources partagées, le rythme était adapté (et adaptable) et les échanges toujours en lien avec nos besoins et questions. Merci à Caroline d’avoir pris le temps de discuter, d’écouter nos retours et de compiler le contenu attendu. Merci à Magistrad et Aprotrad pour le relais assuré au fil des séances qui a aidé à dépasser les limites du format à distance. » Pauline Chardin

« Une formation » pêchue » et virtuose assurée par une formatrice, Caroline Tremblay, compétente et organisée. La participation se fait de plus en plus active au cours des sessions, certaines participantes fournissant des indications de bibliographie. Une bonne interaction, un enseignement passionné et passionnant par une vraie spécialiste. » Véronique Minder

« Cette formation alliant théorie et pratique est vraiment un plus dans le monde de la traduction. Elle m’a permis de voir la révision sous un angle nouveau afin de gagner en concision. De plus, la communication entre les stagiaires et la formatrice a été excellente avec un réel échange de conseils et d’astuces tout au long de la formation. » Virginie Watterlot

« Qui a dit que les formations en ligne manquaient de contact humain ?! La formation de Caroline Tremblay co-organisée par Aprotrad et Magistrad était à l’image de la langue française : vivante, foisonnante et passionnante ! L’équilibre entre la théorie, les exemples concrets, et les exercices pratiques était idéal. La formation sur la révision en français va bien au-delà de quelques heures derrière l’écran ; je continue à mettre en pratique les “trucs” appris et à approfondir grâce aux ressources partagées par la formatrice et le groupe de participantes. » Chloé Delhom

À Aprotrad, nous sommes ravis de la réussite de cette formation et nous nous réjouissons de collaborer à nouveau avec Caroline et Magistrad !

Pour vous tenir informé de nos prochaines formations, consultez notre site web et suivez-nous sur Facebook, LinkedIn ou Twitter.

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« Astuces pour la prospection de clients directs », une formation dispensée par Corinne McKay

jhsmgmbogdjombt1ginbChez Aprotrad, nous avons l’habitude des formations en petit comité dans des espaces confinés. En ces temps de pandémie, ce type d’atelier n’est pas des plus recommandables. Nous avons donc fait le choix de la formation en ligne et ce fut une réussite. Les participants ont pu, sans quitter leur bureau, profiter de conseils concrets et pertinents dispensés par la très dynamique Corinne McKay. Cette traductrice américaine, dont la langue source est le français, est célèbre dans le milieu de la traduction pour son blog, ses ouvrages et ses formations prisées. Son discours « dédramatisant » et ses exemples inspirés de sa propre expérience et de celle de ses précédents stagiaires ont été très appréciés.

Au cours de deux sessions de trois heures les 2 et 23 juin derniers, les Aprotradiens et quelques invités ont découvert des pistes pour se constituer un portefeuille de clients directs. La première séance était axée sur les manières d’entrer en contact avec de potentiels clients en respectant bien sûr les dispositions de la RGPD. Pendant les quelques semaines qui ont suivi, les participants ont commencé à appliquer les recommandations de la formatrice et lui ont fait part de leurs avancées et de leurs interrogations. Tout ce petit monde s’est connecté une seconde fois en fin juin pour une session consacrée aux relances et aux tarifs. La formation s’est terminée sur des conseils personnalisés et des réponses aux questions des stagiaires.

Réactions à chaud des participants :

« La formation offre une excellente occasion et les moyens de faire le point. Elle m’a permis de vérifier où j’en suis en ce qui concerne mes envies/besoins et de faire le point sur les méthodes de prospection disponibles. J’ai pu en particulier valider le fait que LinkedIn est pour moi l’outil le plus adapté pour entrer en contact avec des clients potentiels, que le réseautage est primordial, et que la mise en ligne de la version anglaise de mon site Web devient urgente. »

« Ravi d’avoir pu assister à cette formation de Corinne McKay, une “célébrité” dans le milieu de la traduction. Merci à ceux/celles qui ont organisé le projet, et merci à Hyacinthe ! »

« Merci à Corinne pour cette excellente présentation et au CA d’APROTRAD pour l’organisation.

“Corinne McKay nous a offert une formation des plus pertinentes avec un dynamisme indéfectible.
Au programme des outils adaptés et exemples personnalisés permettant d’établir un plan marketing simple mais efficace, le tout en dédramatisant l’aspect souvent trop ingrat du démarchage.
Un temps de formation agréable en plus d’être informatif !” »

« Corinne est très organisée, claire et agréable. Elle répond à tout le monde et réexplique clairement quand cela est nécessaire. Elle donne énormément de bons conseils et de tuyaux. Si seulement toutes les formations pouvaient être aussi bien faites !

« Cette formation m’a confirmé certaines des actions que je prends déjà et m’a également donné de nouvelles pistes à explorer pour développer et renouveler ma clientèle. »

« Cette formation avec Corinne était très enrichissante dans la mesure où elle a donné des pistes et méthodes “simples” et accessibles (pour moi en tout cas, par exemple, lorsqu’elle a expliqué qu’elle ne se sert pas d’un CRM, mais d’un simple fichier de type Google spreadsheet !).

Le timing proposé, le contenu, et la simplicité de la formatrice font de cette formation un parcours encourageant, dont chacun(e), quel que soit son stade, peut retirer les plus grands bénéfices (avec assiduité et persévérance dans le travail bien entendu). Merci ! » 

« Un contenu et un format accessibles, dynamiques et clairs pour nous mettre sur la voie du marketing. Pour les traducteurs (ou interprètes), il s’agit d’une compétence complémentaire qu’on ne nous apprend pas forcément en formation initiale et qui, au fond, nous aide autant à “vendre nos services” qu’à valoriser notre métier. Merci pour ce partage ! » 

 

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Les Traducteurs, le film

2257660.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx[Billet rédigé par Rosemary Kneipp]

Grâce à des places offertes par la production, beaucoup de nos membres ont pu assister à des projections du film « Les Traducteurs » de Régis Ronsard avec Lambert Wilson, Olga Kurylenko et Riccardo Scamarco. À l’occasion de la sortie du film en VOD (disponible depuis le 30 avril), nous vous livrons leurs impressions.

Le synopsis du film ne pouvait que nous interpeller :

« Isolés dans une luxueuse demeure sans aucun contact possible avec l’extérieur, neuf traducteurs sont rassemblés pour traduire le dernier tome d’un des plus grands succès de la littérature mondiale. Mais lorsque les dix premières pages du roman sont publiées sur internet et qu’un pirate menace de dévoiler la suite si on ne lui verse pas une rançon colossale, une question devient obsédante : d’où vient la fuite ? »

Voici quelques commentaires de nos membres :

« Un film un peu foutraque, mais quand même haletant. La scène d’action avec utilisation des langues et de l’interprétation pour tromper l’adversaire m’a paru savoureuse. »

« L’intrigue est bien ficelée et les acteurs jouent bien. Je suis un peu resté sur ma faim, car je m’attendais à des dialogues plus en phase avec le type d’activité décrit. En fin de compte, c’est un thriller comme il y en a plein, avec des moments de suspens bien aménagés et des mouvements de caméra pour entretenir l’action. À part 2 ou 3 monologues réussis, on ne nous dit pas grand-chose sur la démarche du traducteur et les difficultés qu’il rencontre pour transcrire ce genre de roman « exclusif ». À la décharge du réalisateur, c’est un film grand public, donc il n’allait pas non plus rentrer dans les détails. »

« Très surprenant, riche en rebondissements ! Au-delà des conditions de travail du traducteur littéraire, c’est une réflexion sur le travail d’un auteur et de sa relation avec son éditeur, la question étant de savoir à qui l’œuvre appartient-elle au bout du compte… »

« Intrigue intéressante avec plein de rebondissements comme on aime, mais je n’étais pas convaincue par le jeu un peu caricatural des acteurs. Le huis clos aurait pu être mieux exploité pour une mise en scène plus rapide afin de donner un meilleur tempo à l’ensemble. »

« Une histoire intéressante et plutôt bien ficelée avec des rebondissements inattendus. Je craignais que quasiment la totalité du film soit dans la bande annonce, mais ce n’est pas le cas. Bien au contraire, l’absence de relation amoureuse et de torture que pouvait laisser présager la bande-annonce fait le charme du film. Un scénario qui vaut le détour ! »

« Mais quel suspens ! Tour à tour on scrute les personnages en essayant de déceler le détail qui fera que l’on dénouera l’intrigue, nous traducteurs ! Quel bonheur d’être emportés dans l’univers implacable de l’édition, où les ambitions de chacun se dévoilent peu à peu. Très beau film, qui m’a autant plu à moi qu’à mes grands enfants de 20 ans. Un film à la Usual Suspect où tout n’est dévoilé qu’à l’extrême fin. Bravo au réalisateur et aux formidables acteurs. »

« Le titre « Les traducteurs » est très accrocheur, surtout pour nous, traducteurs, car nous pensons que le film va parler de notre métier. Mais il s’agit en fait d’un film à suspense, ayant pour objet la traduction multilingue de ce qui est censé devenir un « bestseller » très attendu du public. Le film rappelle ce qui a été dit et écrit lors de la parution du Da Vinci Code : traducteurs enfermés et coupés du monde le temps de leur travail. Sauf qu’ici un chantage est fait à l’éditeur et le motif, nous l’apprendrons à la fin, relève plus de l’émotionnel que de l’appât du gain par le maître chanteur, mais je ne veux pas « divulgâcher », comme disent les journalistes du « Masque et la Plume » sur France Inter, la fin du film. Les traducteurs sont gentiment représentés avec chacun leur personnalité et leurs motifs pour avoir accepté un tel travail dans de telles conditions (luxueuses, il faut le noter). Personnellement, j’ai beaucoup aimé le traducteur grec qui dit bien dans le film que sa rémunération est une misère et souligne dans ses répliques la précarité de bien des traducteurs. Sinon, le film ne comporte que peu d’informations sur notre métier et, particulièrement, sur la traduction littéraire. »

Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

 

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Retour sur la formation « Mentions légales et conditions générales d’utilisation des sites Web »

Plusieurs fois par an, Aprotrad organise des formations destinées aux professionnels des métiers de la traduction. Dernier atelier en date : une journée sur la traduction anglais-français des mentions légales et des conditions générales des sites Web, que nous raconte Sarah Leblois.

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Le 14 septembre dernier, Aprotrad organisait à Orléans une formation sur un thème juridique, dispensée par Véronique-Anne Sauron, diplômée en droit des affaires et en traduction, chargée d’enseignement à la Faculté de traduction et d’interprétation de Genève et à l’Université Stendhal de Grenoble, et traductrice juridique, qui est déjà intervenue à deux reprises pour animer des formations passionnantes sur la traduction des contrats.

Cet atelier s’adressait à des traducteurs professionnels non spécialistes du domaine juridique mais souhaitant mieux appréhender et rédiger des textes de nature juridique fréquemment rencontrés lorsqu’ils sont amenés à traduire des sites en ligne et des applications : les mentions légales des sites et plus largement les conditions générales d’utilisation, incluant les politiques de confidentialité et les politiques d’utilisation des cookies.

Dans un premier temps, Mme Sauron nous a présenté les règles concernant les mentions légales et conditions générales d’utilisation figurant sur les sites Web. Elle a détaillé les mentions obligatoires, a rappelé les différents textes législatifs et réglementaires régissant les aspects légaux des sites et a expliqué les différences entre les pays anglosaxons de common law (essentiellement le Royaume-Uni et les États-Unis) et la France, pays de droit romano-germanique, accompagnant chaque point d’exemples précis.

Dans un second temps, nous nous sommes exercés à traduire de nombreux extraits de mentions légales et conditions générales d’utilisation, en nous appuyant sur des ouvrages juridiques, et nous avons également analysé des textes rédigés ou traduits en français pour y déceler des erreurs et trouver une formulation juste et idoine.

Il est évident qu’un atelier d’une journée est court pour aborder une thématique aussi vaste et complexe, mais nous sortons enrichis de cette formation, avec des ouvrages de référence et des ressources utiles pour nos prochaines traductions, des réponses concrètes à certaines problématiques rencontrées et des conseils pour rédiger nos textes juridiques de manière claire et exacte.

Comme toujours, la formation s’est déroulée dans une ambiance studieuse et néanmoins conviviale, avec quelques pauses nous donnant l’occasion d’échanger avec des consœurs et confrères membres de l’association ou venant d’autres horizons.

Pour vous tenir informé de nos prochaines formations, consultez notre site web et suivez-nous sur Facebook, LinkedIn ou Twitter.

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Deux traductrices au Salon du Livre — partie 2 : l’exploration

Livre Paris, mieux connu sous son ancien nom de Salon du Livre, est sans conteste le rendez-vous annuel des professionnels de l’édition, dont les traducteurs font bien évidemment partie. Mais que vient-on y faire ? Assister à des conférences ? Rencontrer des collègues ? Démarcher des prospects ? Audrey Prost, traductrice financière et lectrice vorace, et Charlotte Matoussowsky, traductrice spécialisée en sciences humaines, nous racontent comment elles ont vécu Livre Paris 2019 et partagent avec nous leurs astuces de survie !

Ce second billet traite des deux derniers jours du salon, où nos protagonistes, désormais aguerries, reviennent au Salon avec des objectifs bien précis.

C’est d’abord Audrey qui nous narre son dimanche.

Dimanche 17 mars 2019

Traduire le politique — Atelier de traduction participatif

J’arrive vers 13 heures pour assister à l’atelier Traduire le politique, organisé par l’ATLF et l’École de traduction littéraire (ETL). Cette fois-ci, l’arène est bien visible, sur le stand du Centre national du Livre, en plein milieu du Salon.

On commence par présenter Bérengère Viennot et son ouvrage récemment paru, La Langue de Trump (éditions Les Arènes). Lecture vivement recommandée ! Pour les curieux, une petite mise en bouche (pun intended) s’impose.

Olivier Mannoni – qu’on ne présente plus, ou si peu – brosse en quelques mots le portrait de l’École de traduction littéraire, fondée en 2012, avant d’expliquer le format de l’atelier. Il s’agit de proposer au public des cas épineux de traduction, issus de discours politiques récents dans plusieurs langues (anglais, bien sûr, mais aussi italien, roumain et autres).

On commence par un tweet récent du président américain, dont l’œuvre entière sur le réseau social pourrait faire l’objet d’une étude approfondie qu’on intitulerait « Grandeurs et misères du traducteur » — car il faut de la grandeur pour traduire « bien » des textes aussi « mal » écrits, mais cela ne se fait pas sans quelques misères.

On passe ensuite à un discours de Margaret Thatcher, tellement célèbre qu’une page lui est consacrée sur Wikipédia (le discours, pas Thatcher… enfin, si, aussi. Bref.) :

To those waiting with bated breath for that favourite media catchphrase, the ‘U-turn’, I have only one thing to say: ‘You turn [U-turn] if you want to. The lady’s not for turning!’

Après avoir exploré des expressions françaises autour de la notion de demi-tour, une proposition émerge – « La dame est en fer, mais ne tourne pas » – qui réussit l’exploit d’évoquer la Dame de fer (The Iron Lady) et la girouette qui tourne au gré du vent (ou pas, en l’occurrence).

Le minestrone de Matteo Salvini, vice-président du conseil des ministres italien, parlant de possibles alliances avec des partis concurrents (Escludo governissimi, inciuci o minestroni col Pd e coi 5 Stelle), ouvre tout le champ culinaire des ratatouilles, potages et autres soupes.

Le slogan Love trumps hate finit de mettre les cerveaux de la salle en ébullition… Le casse-tête qui résume bien toute la difficulté du métier de traducteur : il faut respecter le message et le contexte (slogan d’une campagne politique marquée par une extrême polarité), l’ironie induite par le jeu de mots sur le nom du candidat (« Trump » pour Donald, mais aussi pour désigner l’atout, la carte maîtresse du paquet), la forme extrêmement concise, quasiment impossible à rendre en français (trois mots, sujet, verbe, complément, dont deux sont antonymes… et je ne me lance même pas dans le raisonnement sur les couleurs). Si l’on n’était pas certain de saisir toutes les subtilités, Urban Dictonary propose même une explication de texte.

love trumps hate button

Mission impossible… et pourtant ! Florilège de propositions : « Ne vous laissez pas trumper par la haine », « Détrumpez-vous », « Trumper n’est pas jouer », « Couper cœur à la haine ». Toutes sont un parti-pris qui transmet tout ou partie du message, s’amuse d’une chausse-trape autour du Trump ou du jeu de cartes, préserve la concision du slogan.

unnamedEt pour finir, Cyrille Rivallan nous pose une colle qui mélange culture geek et actualité :

Au-delà de l’évident « May, que la farce soit avec toi », des multiples pistes proposées, j’en retiendrai deux :

« Chez May, la farce est puissante. »

 « May, l’Union fait la farce. »

L’atelier n’a duré qu’une heure, mais c’était un jeu auquel on se serait volontiers prêté plus longtemps.

Et à croire les passants qui se sont arrêtés pour écouter, le sujet ne passionne pas que les traducteurs…

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Pour en savoir plus sur La Langue de Trump : http://www.arenes.fr/livre/la-langue-de-trump/

Pour en savoir plus sur l’école de traduction littéraire : http://asfored.org/etl/page-4001/etl

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Le lendemain, Audrey et Charlotte se sont toutes deux rendues au Salon : cette quatrième et dernière partie est donc rédigée à quatre mains.

Lundi 18 mars 2019

Les choses sérieuses commencent

La matinée du lundi 18 mars a la particularité d’être réservée aux professionnels du monde de l’édition (dont les traducteurs font bien évidemment partie). Les conférences sont davantage orientées sur les préoccupations sur secteur et, surtout, il y a beaucoup moins de monde : c’est donc le moment idéal pour réseauter et prospecter.

Audrey avait prévu d’arriver tôt au Salon pour la matinée consacrée aux professionnels (ça tombe bien, c’en est une), mais des traductions de dernière minute l’ont retenue à son bureau.

Quant à Charlotte, elle arrive peu après l’ouverture, délestée de l’annuaire et autres brochures : à midi, le salon rouvre au public et elle veut voir le plus de personnes possible avant. Elle se rend d’abord sur le stand d’un éditeur avec qui elle a pris rendez-vous sur la plateforme Mon réseau Livre Paris sur le site web du salon. Après quoi, elle passe sur les stands des maisons d’édition qui l’intéressent pour que celles-ci lui présentent leur travail et qu’elle leur parle du sien. Elle laisse des cartes de visite et, pour les plus intéressés, un exemplaire de son portfolio.

La plateforme Mon réseau Livre Paris, lancée en 2019, propose différentes fonctionnalités, notamment un agenda où inscrire les conférences ainsi qu’une messagerie pour contacter les exposants qui l’acceptent. À tester !

L’Europe de demain : la circulation des auteurs, des livres et des savoirs

En fin de matinée, elle s’installe avec un peu de retard devant le débat « L’Europe de demain : la circulation des auteurs, des livres et des savoirs ». Parmi les intervenants, un traducteur, une critique littéraire, une directrice de centre culturel, la présidente du Bureau international de l’édition française (BIEF) et un représentant du ministère de la Culture, le tout animé par la directrice de la Fédération des éditeurs européens. On évoque les programmes européens et nationaux, les partenariats entre éditeurs, les prix littéraires et de traduction et les multiples initiatives visant à faire circuler les sciences et les littératures d’Europe.

Au sortir de la table ronde, Charlotte croise le directeur du BIEF, qui lui rappelle que son stand est moins fermé qu’il n’en a l’air et qu’il ne faut pas hésiter à y passer pour rencontrer des éditeurs étrangers.

Le prix Apulée

Audrey la rejoint à midi pour une autre conférence organisée par la revue littéraire Apulée, qui dépend des éditions Zulma. Celle-ci présente sa dernière initiative : un prix de traduction, qui récompense un texte court d’un auteur vivant en Europe traduit en français depuis n’importe quelle langue. Si la présentation de cette revue de réflexion nous semble intéressante (et surtout son 4e numéro, consacré à la traduction des deux côtés de la Méditerranée), nous sommes un peu décontenancées, car nous pensions assister à la remise du premier prix Apulée, mais il n’en est rien. Rendez-vous l’année prochaine ?

Le temps du réseautage

L’heure du déjeuner est l’occasion de discuter, de prendre quelques nouvelles, mais aussi et surtout de partager notre expérience du Salon. C’est aussi ce qui nous donne envie de la faire partager à d’autres, d’où le présent billet ! Puis nous reprenons nos pérégrinations à travers le pavillon. Outre des éditeurs, nous croisons des amis traducteurs, dont certains que nous n’avions jusqu’ici rencontrés que sur les réseaux sociaux : c’est le rendez-vous de l’année ! Charlotte emmène Audrey voir Cyrille Rivallan, un traducteur qu’elle a rencontré sur Twitter, et qui n’est autre que le « colleur » de la veille. Une discussion s’engage autour des fiches de lecture, de l’école de traduction littéraire et du métier en général. Nous échangerons nos cartes et resterons en contact.

L’après-midi, l’objectif d’Audrey est de retourner voir l’éditeur qu’elle n’a pas pu croiser vendredi. Après une autre tentative infructueuse (eh oui, elle tombe une nouvelle fois à l’heure de la pause déjeuner), elle arrive enfin à échanger avec son contact. À toutes celles et ceux qui ne sont pas familiers de ces salons, nous vous conseillons de ne pas vous laisser déstabiliser. Vos interlocuteurs risqueront toujours de se faire interrompre par des connaissances de passage. Soyez patients, mais tenez bon et allez au bout de votre discussion !

N’oubliez pas de prendre un grand nombre de cartes de visite ! Une brochure ou un portfolio est également un bon moyen de laisser une trace dans l’esprit de votre interlocuteur.

Après s’être retenue les jours précédents, Charlotte ose enfin acheter quelques livres. Une heure avant la fermeture, une consœur traductrice du serbe l’entraîne à une conférence sur la littérature croate : il y a des chaises, cela tombe bien, elle ne tient plus debout !

Nous repartons sur les rotules, mais satisfaites et riches de contacts. Mais notre travail ne s’arrête pas là : il faudra faire fructifier toutes ces rencontres avant que nos interlocuteurs ne nous oublient !

Et vous, fréquentez-vous les Salons du Livre ? Pourquoi ? Serez-vous à Livre Paris 2020 ?

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Deux traductrices au Salon du Livre — partie 1 : la découverte

visuel-LIVREPARIS-2019-A4Livre Paris, mieux connu sous son ancien nom de Salon du Livre, est sans conteste le rendez-vous annuel des professionnels de l’édition, dont les traducteurs font bien évidemment partie. Mais que vient-on y faire ? Assister à des conférences ? Rencontrer des collègues ? Démarcher des prospects ?

Audrey Prost, traductrice financière et lectrice vorace, et Charlotte Matoussowsky, traductrice spécialisée en sciences humaines, toutes deux membres d’Aprotrad, nous racontent comment elles ont vécu Livre Paris 2019 et partagent avec nous leurs astuces de survie !

Ce premier billet traite des deux premiers jours du salon, placés sous le signe de la découverte et de la Russie.

Laissons d’abord la parole à Audrey.

Le Salon du Livre de Paris commence bien avant le jour d’ouverture. Généralement, on reçoit les premières alertes par mail début janvier, lorsque la programmation commence à s’ébaucher.

Cette année, la thématique Europe intéresse la citoyenne et la traductrice que je suis. La littérature russe mise à l’honneur fait écho aux personnes de mon entourage qui apprennent le russe ou le perfectionnent.

Mais dans le programme, comme un rituel, je cherche toujours un autre mot clé : « Traduction ». Il en ressort une conférence autour de la traduction et de la retraduction, la remise d’un certain Prix Apulée, un tournoi de traduction (que les amateurs de mots‑valises appellent volontiers « traduel »), un atelier Traduire le politique.

Enfin, je cherche un auteur et une ou deux petites maisons d’édition méconnues du grand public qu’il me tient à cœur de rencontrer, dont une à laquelle j’ai un projet de livre à proposer.

En tant que traductrice libérale, c’est la première année que je peux visiter le Salon munie d’un badge professionnel, qui me donne accès gratuitement et de manière illimitée aux quatre jours de programmation.

Demandez votre badge professionnel et consultez le programme des manifestations ainsi que la liste des exposants avant le début du salon.

Vendredi 15 mars 2019

Le choc

J’ai terminé un peu plus tôt ma journée pour arriver au salon vers 18 heures. Comme d’habitude, c’est le choc. Le Salon est immense. Mais vendredi après-midi oblige, la foule ne se presse pas encore. Je récupère d’emblée un catalogue des exposants et un programme des temps forts (dans lequel je déplore qu’aucun des événements liés à la traduction n’ait été mis en lumière… on ne se refait pas).

Impossible en revanche de mettre la main sur un plan. Il me serait bien utile pour me diriger vers le stand de la région Sud — car il ne suffit pas d’être informée qu’il se trouve en K28, encore faut-il savoir comment repérer les marqueurs, au sol et dans les airs… ça viendra au fil des jours. Je me perds un peu dans les allées, peste contre la version mobile du site qui ne me fournit pas les informations dont j’ai besoin. Et puis je finis par trouver le stand, qui saute pour ainsi dire aux yeux non loin de l’entrée.

Joute de traduction russe/français organisée par le collectif ATLAS

Le modérateur (Valéry Kislov, traducteur français-russe) est déjà en pleine présentation des deux traducteurs russe — français qui prendront part au tournoi : Yves Gauthier et Paul Lequesne. Les quelques poufs disposés en demi-cercle sont tous occupés, le public est attentif. Je me tiens donc debout et prends le train en marche.

Le sujet de la joute est très intéressant, quoiqu’un peu complexe : il porte sur les sonnets de Guillaume du Vintrais, poète français méconnu du xvie siècle, amateur de sonnets sur des amours contrariées, dont les œuvres (originalement en français) ont été découvertes et traduites à quatre mains au xxe siècle par un tandem de « contre‑révolutionnaires » russes, Yakov Kharon et Youri Weinert, avant de faire l’objet d’une rétrotraduction par nos deux traducteurs émérites.

Tout de même, avant de commencer, Paul Duquesne nous avoue avoir remis la main sur les textes originaux en français et en avoir tiré inspiration pour ses travaux. A-t-il « triché » ? Difficile à dire, tant l’ironie et l’autodérision imprégnaient ses commentaires et ceux de son adversaire. Valéry Kislov lit tour à tour les sonnets en russe, puis chaque traducteur se lève et déclame sa traduction. Les deux textes ne pourraient être plus dissemblables et pourtant chacun forme un tout cohérent. Moi qui ne comprends pas la langue slave, je ne fais qu’entr’apercevoir les subtilités qui forment le texte source en creux de la confrontation de ses versions traduites.

Malheureusement, aucun des trois intervenants ne commente réellement le travail présenté. Comme si tous ceux qui les écoutaient étaient armés pour apprécier et juger aussi bien l’original que ses reproductions. Seule ébauche d’analyse : dans une description alimentaire, l’un a choisi de parler de foie gras, l’autre de fromage. Le russe faisait vraisemblablement référence au second. Mais la version originale française évoquait le premier. Paul Lequesne justifie (en plaisantant ?) son choix par un retour aux sources.

Cette déception provoquée par le manque d’introspection est partagée par les jouteurs eux-mêmes, comme ils le reconnaîtront quelques jours plus tard dans un échange publié sur le site de l’ATLAS.

La joute prend fin avec vingt minutes d’avance sur un match nul. En conclusion, toutefois, une friandise, un joli quatrain d’Igati Ivanovski (1932-2016) que nous propose Yves Gauthier :

Луна взошла на небосвод.
И отразилась в луже.
Как стихотворный перевод:
Похоже — но похуже.
La lune fait son ascension.
Son reflet dans la flaque d’eau :
On dirait une traduction,
Très ressemblant, mais en moins beau.

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Pour en savoir plus sur les intervenants : http://www.atlas-citl.org/salon-du-livre/

Pour consulter l’ensemble des textes lus : http://www.atlas-citl.org/mystification-de-traducteurs_la-joute-russe-au-salon-livre-paris-2019/

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À la recherche de l’exposant perdu

Je profite de ce temps gagné pour faire un tour du côté de mes deux maisons d’édition. Du premier stand, petite maison tenue par un couple, je remporte deux livres : un livre mêlant dessins à colorier et haïkus (j’aime cette alliance de disciplines, entre dessin, littérature et traduction) et un très beau livre-album de photographies de chats urbains.

Avec le deuxième, jeune maison que je suis depuis ses débuts, je ne suis pas si chanceuse : lors de mon premier passage, l’exposant est en pleine discussion ; lors de mon second passage, une dizaine de minutes plus tard, il est absent (pas étonnant, il est 19 heures passé) et, malgré mes cent pas, le stand reste désespérément vide.

La journée se termine là-dessus pour Audrey, qui ne peut se rendre au Salon le lendemain. Charlotte, qui arrive d’Orléans, prend le relais.

Samedi 16 mars 2019

L’esprit pratique

J’arrive en milieu d’après-midi au salon et m’empresse d’abandonner mon sac de voyage de provinciale au vestiaire avant de me diriger vers l’entrée réservée aux professionnels à l’extrémité du bâtiment (moins de foule !) À l’entrée, je récupère un porte-badge et un plan : je constate que l’organisation globale du pavillon n’a guère changé par rapport aux années précédentes. Je me trouve un coin où m’asseoir et commence à annoter le plan avec les noms des éditeurs que je compte passer voir et que j’ai repérés sur le site web de Livre Paris. À l’encre effaçable, car l’expérience m’a appris que les stands ne sont pas toujours exactement là où ils devraient !

Prévoyez du temps : le salon est immense, les exposants très sollicités et l’on est vite tenté d’enchaîner les conférences.

Traduire et retraduire la littérature russe

À 16 heures, je suis rejointe par une amie et consœur, avec qui je m’installe dans le public de la scène Coulisses de l’édition pour une table ronde intitulée « Traduire et retraduire la littérature russe ». Animée par François Deweer, ancien directeur de la Librairie du Globe, celle-ci accueille deux traductrices chevronnées, Anne Coldefy‑Faucard et Luba Jurgenson, ainsi que l’écrivain russe Vladimir Sorokine. Pendant une heure, ils et elles évoquent les enjeux de la retraduction des classiques de la littérature russe et soviétique, souvent connus en France dans des versions finalement peu fidèles aux styles de leurs auteurs. Les traductrices évoquent les difficultés de leurs travaux les plus récents. Ainsi, Luba Jurgenson a dû traduire un roman comportant des passages en ukrainien, langue comprise sans difficulté par tout russophone, mais évidemment pas par les Français. Quant à Anne Coldefy-Faucard, elle s’est attelée à une septième traduction des Âmes mortes de Gogol en essayant de retranscrire l’humour qui semblait avoir disparu des six versions précédentes. Enfin, Vladimir Sorokine, s’il n’a jamais traduit lui-même, n’en tarit pas moins d’éloges sur le travail de ses traducteurs. Tous insistent sur le fait qu’une traduction littéraire est d’abord une lecture de l’œuvre, une interprétation porteuse de partis-pris.

Tout vient à point à qui sait attendre

Après cette passionnante conférence, je me sépare de mon amie pour entamer mon repérage. En effet, mon objectif du jour est avant tout de préparer ma visite du lundi, journée bien plus calme que le week-end. J’en profite tout de même pour discuter avec quelques éditeurs et laisser ma carte de visite. Je me retiens d’acheter des livres, car je risquerais de très vite dépasser mon budget ! Avant de me diriger vers la sortie, j’attrape un exemplaire d’un outil indispensable du salon : l’annuaire des exposants, qui renferme les coordonnées de tous mes prospects et me sera bien utile dans les jours suivant l’événement.

La suite dans un prochain billet !

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Retour sur la formation « Perfectionner son expression »

Aprotrad organise plusieurs fois par an des formations conçues sur mesure pour les besoins de ses membres. Voici un compte-rendu du stage « Perfectionner son expression en français dans le cadre de la traduction » d’avril 2019, rédigé par Aurélien Lécuyer.

M. Klein's hands, writing. Wellcome L0018664

La formation dispensée par Isabelle Cros, docteure et chercheuse en didactique des langues et des cultures, s’est déroulée à la Maison des Associations le samedi 13 avril à Orléans. Après des présentations autour d’un café et de viennoiseries, Isabelle nous a exposé le programme de la journée. La matinée a d’abord été consacrée à des points de langue précis choisis par les participants par le biais d’un questionnaire préalable. Nous avons pu ainsi revenir sur les règles d’accord du participe passé, la ponctuation, les temps du passé, l’utilisation du subjonctif, etc. Des rappels qui ont fait du bien à tout le monde!

 

L’après-midi s’est quant à lui articulé autour de l’écriture. Après un exposé des erreurs fréquentes de vocabulaire et de syntaxe, Isabelle nous a rendu les billets d’humeur que nous avions à rédiger et à lui envoyer en amont en vue d’une correction. Les textes annotés ont permis à chacun et à chacune de prendre conscience des points à améliorer lors de la rédaction. Nous nous sommes ensuite initiés à l’écriture automatique, avant de terminer la journée sur un atelier de transcréation. Le texte, réécrit à partir d’un extrait apporté par chacun, a plus tard été lu à l’assemblée, puis commenté. Cet exercice de transcréation a été pour moi le point fort de la journée, car il a permis d’une part de mettre en pratique ce que l’on a appris lors de la formation, mais aussi d’expérimenter et de retrouver plaisir à écrire au sein d’un cadre bienveillant et agréable. Seul point négatif, le fait que cette activité intervienne en fin de journée fait que c’était forcément un peu court… programme chargé oblige.

 

En conclusion, beaucoup de bons conseils et de nombreuses pistes à explorer afin daméliorer sa langue écrite!

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