Rappel du début de la série : premier billet ici, deuxième là, troisième par ici et quatrième là.
(…) Sylvie a sorti un savon de sa mallette, l’a posé au milieu de la table, nous a distribué une photocopie du Littré à l’entrée savon et nous a demandé d’écrire. La pente était savonneuse si je puis dire mais ce fut magique !
LE SAVON
C’est un petit lingot de propreté.
Le savon lave les mains sales et le sol des maisons.
Réservoir de douceur et de senteur, il est dans la trousse qu’on emporte avec soi ;
Il est au coin du lavabo, patient, disponible et blanc.
Nous le voyons fondre de bain en bain.
Il s’échappe sous la douche, il nous glisse des mains.
Les enfants en font des bulles en riant,
Des ballons nacrés qui s’évanouissent au milieu des cris.
De Marseille il nous vient, comme un hymne à la propreté,
Jusque dans nos bras, parfumer nos filles et nos compagnes…
Sa propreté passe en nous, il se donne et nous le savons bien,
Il est toujours plus petit, se casse même en deux vers la fin.
Et un beau jour, il disparait, sur la pointe des pieds.
On l’oublie doucement dans le grenier inconscient de notre nez.
Christian R.
(Droit d’auteur illustration : godunovatatiana / 123RF Banque d’images)